
Le 12 avril 1947, le Maire de Mios, René Bonneterre lance un appel à la population :
« Les criquets s’annoncent cette année comme un véritable fléau qui met en péril notre situation alimentaire. Des mesures énergiques s’imposent. Une véritable bataille va s’engager pour détruire complètement les larves dès leur éclosion. Pas un insecte ne doit en réchapper si chacun fait son devoir.
Résiniers, propriétaires, ouvriers, artisans, commerçants, nous vous demandons de répondre de bonne grâce à nos appels. Jeunes gens, ne ménagez pas votre peine, vous avez votre devoir de bons petits Français à remplir.
Cette lutte ayant un caractère national, nous serons peut-être amenés à prendre des mesures de réquisition, mais nous sommes persuadés que nous n’aurons pas besoin d’agir par contrainte, car nous connaissons bien votre dévouement et votre esprit de solidarité. Grâce à vous, nous ne laisserons pas échapper un seul insecte. Nous comptons sur vous. Merci, Le Maire ».
Entre 1944 et 1947, le criquet migrateur (Locusta migratoria) fait des ravages dans le Sud-Ouest. Cet insecte est plutôt solitaire et sédentaire, il devient grégaire suite à une variation climatique. Par exemple, une saison trop pluvieuse multiplie le nombre d’insectes qui se déplacent alors pour rechercher leur nourriture. Ils s’attaquent aux cultures maraîchères, aux maïs, aux chênes, aux fruitiers,…
Seuls les pins échappent à leur voracité, mais ils cassent les branches des arbres où ils s’accrochent et souillent avec des monceaux d’excréments qui ont une odeur épouvantable. Une invasion de criquets est impressionnante. Pendant environ 2 heures, un ruban long d’une vingtaine de kilomètres composé de dizaines de millions d’insectes vole entre 3 et 10 mètres de hauteur, à une vitesse de 12 kilomètres à l’heure. La lutte est souvent artisanale, les habitants écrasent les larves, ils cognent de vieilles poêles les unes contre les autres pour faire du bruit et dévier ainsi l’essaim. L’usage des insecticides est réservé au personnel spécialisé et aux pompiers.
Article de Isabelle Antonutti, Société historique et Archéologiue d’Arcachon et du Pays de Buch