Jean Saugeon, entrepreneur de transport fluvial à Bordeaux, ouvre une liaison maritime, entre Arcachon et le Cap-Ferret. Un bateau à vapeur, Le Seudre, réalise la desserte. L’accès par le phare reste complexe, il existe un appontement pour l’accostage des barques, mais il est sommaire, alors il établit un débarcadère.

Habile commercial, il finance des publicités comme dans l’Avenir d’Arcachon qui promet « la plus agréable des promenades dont les touristes peuvent rêver ». Sur la rive, les visiteurs trouvent un restaurant ouvert par Barthélemy Daney, un marin de Gujan-Mestras qui est un pionnier de l’aménagement de cette partie de la presqu’île. Ce quartier du Ferret porte d’ailleurs son surnom : Bélisaire.

Les villégiateurs les plus aventureux peuvent poursuivre vers l’océan par un chemin de broussaille. En 1879, Jean Saugeon obtient l’autorisation de l’administration des forêts pour installer un tramway ou une hippomobile pour emmener les touristes vers l’Atlantique Le petit train comprend une voiture équipée de bancs qui peut accueillir une trentaine de personnes. Des traverses de bois sont posées sur le sable et l’hippomobile circule sur des rails étroits, une voie dite Decauville. Elle est tirée par un cheval qui traverse une végétation épaisse et silencieuse pour rejoindre les dunes. Le trajet dure une dizaine de minutes avant d’arriver à l’actuelle plage de l’Horizon.

En 1893, l’État, moyennant une redevance annuelle de cinq francs, accorde une concession pour une seconde ligne qui passe par le boulevard de la plage pour atteindre le phare. Elle sert à l’approvisionnement, améliore les conditions de séjour des estivants et facilite le transport des travailleurs. Vers 1925, un tracteur à essence remplace le cheval. Ces réseaux ferrés locaux disparaissent à la fin des années 30 avec la progression du maillage routier.

Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch