Juin 1739 Les vaches marines et sauvages
Les vaches marines profitent des plages du Bassin et pâturent en liberté. Adaptées au milieu humide, elles paissent dans un élevage très extensif sur les dunes, dans les marais et les forêts du littoral aquitain. Ces bovins de petites statures sont rustiques et résistants. Leur pelage est de couleur brune à rouge, certains taureaux ont la tête presque noire.
En 1739, un rapport de l’Intendant de la Généralité de Bordeaux signale leur existence : « les bœufs et les vaches sont tout à fait sauvages ; leur instinct les porte à gagner les montagnes de sable en bord de mer, tout le long de la côte du Médoc, des pays de Buch, Born et Marensin. Ce bétail est toute l’année en dehors et vit des herbes dans les petits vallons entre ces montagnes ». Ce bétail se nourrit des pâtures riches des marécages. Leur comportement est adapté à la recherche de nourriture dans un écosystème ouvert et boisé.
Avec l’enrésinement de la lande, les vaches marines sont progressivement chassées de leur milieu naturel. Les propriétaires forestiers interdisent le pacage. Des battues sont organisées et les gardes des semis de pins sont autorisés à tuer les animaux au fusil. Des bergers sont verbalisés quand ils font herbager des cheptels sur des parcelles boisées. Des conflits naissent entre les pâtres et les sylviculteurs. La Seconde Guerre mondiale a raison du bovidé : l’armée allemande décime les derniers bestiaux.
La vache marine landaise devint alors la race la plus menacée en France. Son sauvetage fut mené par le Conservatoire des races d’Aquitaine à partir d’un petit troupeau domestiqué découvert en 1987. Un programme de sauvegarde a permis de préserver la diversité génétique et de développer les effectifs. Ces vaches marines vivent en liberté avec un minimum d’intervention humaine sur la Réserve naturelle de l’étang de Cousseau (Gironde).
Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch