C’est le 18 décembre 1920 que fut inauguré à Croix d’Hins l’émetteur de TSF: l’un des plus puissants du monde. Dénommé station TSF Radio Lafayette, 8 pylônes hauts chacun de 250 mètres soutenaient une immense antenne sur une surface de 48 hectares. Un alternateur de 500 Kilowatts permettait la transmission en télégraphie. On utilisait des ondes très longues en VLF.
Dès la déclaration de guerre en août 1914, les liaisons téléphoniques par câbles sous-marins sont coupées par l’action des sous-marins ennemis, il devient alors indispensable pour des besoins de guerre, de mettre en place des solutions de remplacements et la radio-télégraphie qui est en plein développement vient à point pour combler le manque de liaisons terrestres. Un canal de communication sûre et permanent entre l’Europe et les États-Unis doit être rendu opérationnel rapidement. Une nouvelle station de radiotélégraphie est étudiée et c’est le site de Croix-d’Hins qui est choisi car présentant les avantages suivants :
- il est loin des zones de combats
- il est proche de la côte
- il est proche de Bordeaux
- il peut être raccordé au réseau ferroviaire
Le chantier démarre le 7 mars 1918. Il faut construire non seulement les antennes et l’émetteur à forte puissance, mais aussi des bâtiments techniques, un château d’eau, un atelier, un réfectoire, les logements pour le personnel et même une école. Un raccordement ferroviaire est fait en gare de Croix-d’Hins, afin d’acheminer les pièces lourdes depuis le port de Bordeaux. 750 marines sont envoyés en France pour le montage du matériel et l’élévation des pylônes d’antenne
La fin de la guerre le 11 novembre 1918 voit un arrêt des travaux alors que seulement 6 des 8 pylônes sont construits. Des discussions franco-américaines reprennent début 1919 et un nouvel agrément est signé en février 1919. Les derniers pylônes sont mis en place. Le premier message est transmis le 21 août 1920
Pendant plus de vingt ans cet émetteur rayonna de par le monde au delà des océans et des continents. L’émetteur de Lafayette permet de communiquer avec l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Portugal, et plus tard avec les colonies françaises et le reste du monde. En août 1944, les installations furent détruites à l’explosif par l’ennemi fuyant devant les troupes alliées venues libérer le Bassin d’Arcachon.
Philippe Marsan
