
En 1918, près de 300 matelots de l’US Navy érigent une base pour hydravions sur la côte française, un projet ambitieux visant à localiser et neutraliser les redoutables sous-marins allemands qui terrorisaient les routes maritimes. Leur objectif est clair : lutter contre les attaques dévastatrices des U-Boat, qui avaient déjà fait de nombreuses victimes parmi les navires marchands. L’année précédente, un groupe de neuf bateaux marchands espagnols avait subi une embuscade particulièrement meurtrière, orchestrée par le sous-marin allemand UC 65. Cette attaque, qui fit sombrer quatre navires et entraîna la mort d’environ 50 marins, eut des répercussions profondes sur la politique internationale et contribua, entre autres facteurs, à l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre Mondiale.
Sous le commandement du général John Pershing, chef de l’American Expeditionary Force, les troupes américaines débarquent sur la presqu’île du Cap Ferret. Leur mission : surveiller les côtes françaises, repérer les sous-marins ennemis et pilonner leur position avec des frappes aériennes. En parallèle, les forces armées françaises, déjà présentes, avaient commencé à établir une base de surveillance aérienne. Cependant, c’est avec l’arrivée des Américains que cette base prend véritablement de l’ampleur. Les États-Unis y doublent l’espace disponible, y ajoutant deux grands hangars destinés à stocker leurs hydravions, ainsi qu’une infirmerie, un groupe électrogène pour assurer l’autonomie de la base, des baraquements pour les soldats et un château d’eau pour répondre aux besoins en eau potable.
Une des particularités de cette base est l’usage des pigeons voyageurs, employés pour assurer la liaison avec les hydravions en mission. Deux pigeonniers sont ainsi construits pour abriter ces messagers ailés, essentiels dans un contexte où les communications étaient encore largement tributaires des télégrammes et des courriers rapides. Durant leur présence sur la Presqu’île, les Américains mènent 106 patrouilles aériennes, notamment pour repérer les sous-marins ennemis. Bien qu’aucun sous-marin ne soit directement attaqué, leur simple présence a sans doute joué un rôle décisif en dissuadant les U-Boat de s’aventurer dans cette zone stratégique.
Quelques mois après la signature de l’Armistice, la guerre touche à sa fin et les forces américaines, ayant accompli leur mission, quittent la plage. Cependant, cet endroit n’était pas encore connu sous son nom actuel. Ce n’est qu’après leur départ que la zone prendra officiellement le nom de « Plage des Américains », en hommage à leur contribution durant ce chapitre crucial de l’histoire de la Première Guerre Mondiale. Les vestiges de cette base, aujourd’hui disparus, rappellent la coopération entre les armées alliées et le rôle stratégique joué par la Presqu’île dans la lutte contre les forces sous-marines ennemies.
Article de Isabelle Antonutti, Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch
Crédit image : domaine public, source : U.S. National Archives and Records Administration
Article très intéressant. Pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, il existe un musée de l’aviation dans la base de Cazaux. Là aussi la base a joué un rôle important durant la 1ère guerre mondiale.