
© Martine
Cette zone sableuse s’est formée, il y a environ 2000 ans, sous l’effet de la dérive littorale. Tel un être vivant, sous l’action conjuguée des houles et des courants marins, ce lieu mythique du Bassin se déplace et se disloque. Un mécanisme engendre un phénomène naturel répétitif de métamorphose. Le banc apparait sur les cartes au XVIIe siècle. Un seul banc allongé au centre de l’embouchure et appelé île du Terray est identifié dans Le Neptune françois, premier véritable atlas nautique publié en 1693 par l’Imprimerie royale à Paris.
Cent ans plus tard, un plan de la Guyenne montre un banc longiforme désigné comme île du Maroc.
Le nom définitif est attribué en 1835 par Paul Monnier, ingénieur hydrographe de la Marine qui avait pour mission d’étudier l’aménagement d’un port en eaux profondes vers Arcachon. Il dresse une carte précise et procède à une analyse des avantages et des risques. Son rapport est négatif, il souligne que « la mer affreuse qui s’élève sur la barre » rend impossible la construction d’un débarcadère. Paul Monnier attire l’attention des navigateurs sur la dangerosité du site avec un nom renvoyant à un drame.
Le terme Arguin fait référence à l’île Arjem. Ce banc de sable situé le long des côtes africaines, en Mauritanie, comporte des similitudes avec cette zone d’Aquitaine. Il a été le lieu du naufrage d’une frégate française en 1816 qui causa la mort de 160 personnes, dont 147 abandonnées sur un radeau de fortune. L’opinion publique a été choquée par ce drame et la peinture Le radeau de la Méduse de Théodore Géricault est inspirée de cette catastrophe. Des cartes approximatives auraient provoqué cet accident maritime. En nommant ce lieu Arguin, il sensibilise les marins non avertis aux risques de la navigation à travers les passes.
Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch