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Éphéméride // C’était un mois de décembre 1840… Le canal des landes devient une voie navigable

C’était en décembre 1840…

Le trafic sur le canal reliant Cazaux à La Hume était ouvert après 5 ans de travaux. Sur une ancienne idée de Colbert, et à ses frais, l’avocat bordelais Jean-François Boyer-Fonfrède se lance dans l’affaire en 1834. Mais le projet avorte rapidement, à la suite de brouilles entre associés et surtout sans le soutien de la commune de La Teste qui voyait d’un mauvais œil le canal aboutir à La Hume, c’est-à-dire sur le territoire de Gujan. Une compagnie d’« Exploitation et de Colonisation des Landes » est alors créée, et les travaux commencent en 1835 avec des milliers d’ouvriers, pour beaucoup venus des Pyrénées ariègeoises et d’Aragon. L’ouvrage, de Cazaux à La Hume, faisait 14,5 kilomètres de long avec une largeur variant de 13 à 24 mètres sur une profondeur modeste de 1,65 mètre. Il s’ouvrit donc au trafic en décembre 1840.

Les barques destinées à emprunter la voie d’eau, à voile, à la rame ou par halage n’avaient pas un fort tirant d’eau, mais des charges utiles de l’ordre de 12 à 13 tonneaux. Le trafic comportait des poteaux de mines, de la garluche à transformer en métal ou encore des produits résiniers issus de la forêt usagère. On y a fait transiter jusqu’à 7 000 tonnes par an de marchandises diverses, ce qui était notoirement insuffisant pour assurer une rentabilité à l’entreprise. De plus, le décalage du niveau des eaux – le lac de Cazaux se trouve à la hauteur du clocher de La Teste-de-Buch – avait nécessité la construction de sept écluses qui ne facilitaient pas la navigation.

Pour rentabiliser l’affaire, la compagnie d’exploitation mit en place du tourisme fluvial, mais les promenades en bateau ne suffirent pas à combler le déficit de la société. Le canal n’a en fait jamais abouti au Bassin, la ligne de chemin de fer obstruant son accès ce qui obligeait à une rupture de charge. De plus, l’ensablement continuel de la voie d’eau entraînait un coût d’entretien excessif et le trafic s’est interrompu en 1860.

Les Allemands ont détruit la villa que les acquéreurs du site avaient fait bâtir, au bord du bassin d’agrément longeant la route, et les occupants ont construit l’imposant bunker toujours présent à l’entrée du parc. Des écluses ont aussi été remplacées par des palplanches mobiles que les Allemands avaient prévues pour noyer la route en cas de débarquement des Alliés.

Article Olivier de Marliave – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch