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Éphéméride – C’était un 30 avril… Quand les Barbots attaquaient Gujan 

Le 30 avril 1846, l’abbé Gondineau, vicaire de Gujan, a prit sa plume pour écrire à l’archevêque du diocèse de Bordeaux afin de lui soumettre une question sensible. Le curé demandait en effet l’autorisation de bénir le vignoble de la paroisse infesté par des barbots, autant dire l’exorciser.

Les propriétaires, désespérés par les ravages de ces insectes, se tournaient en effet vers l’église pour tenter d’éradiquer des bestioles que beaucoup qualifiaient de sataniques. La procession eut bien lieu, mais elle resta désespérément sans effet et les barbots ont poursuivi leurs ravages.

         Il faut préciser qu’en gascon, pratiquement tout insecte est un barbot. Il s’agissait en fait de l’altise de la vigne et de l’eumolpe (Bromius obscurus), deux coléoptères dévorant les feuilles de vigne au printemps. Ces attaques n’étaient pas nouvelles car des arrêtés cantonaux, en 1798 puis 1824, avaient déjà fait obligation aux habitants d’arracher et de brûler les feuilles et les pampres malades. Les Gujanais, peut-être trop peu soucieux de leurs vignes, n’avaient pas suffisamment respecté ces consignes alors que ce très ancien vignoble constituait une des ressources du pays avec le gemmage.

         Les habitants de Gujan, en faisant intervenir leur curé pour bénir les vignes, n’ont fait que susciter les moqueries de leurs voisins Testerins qui leur collèrent le chaffre de Barbots.

Ce surnom collectif (« chaffre en gascon ») est devenu institutionnel lors d’une mémorable rencontre de rugby, en 1921, face à La Teste. Le club gujanais prit en effet le barbot comme emblème, sous la forme d’une coccinelle et non d’un eumolpe beaucoup moins esthétique.

Article Olivier de Marliave – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et Pays de Buch.