Ephéméride / C’était en janvier.. Naissance de la ville d’hiver d’Arcachon

Comment créer un lieu de séjour hivernal ? Alors même que la concurrence d’autres villégiatures, comme Biarritz, Royan ou la très chic Riviera sur la méditerranée, est vive.

Pourtant, Émile Pereire a besoin de rentabiliser sa compagnie de chemin de fer avec une clientèle annuelle. Le potentiel touristique de la montagne d’Arcachon ne fait pas l’unanimité en raison de l’éloignement du centre et d’une végétation sombre et monotone. Le journaliste Jean Lacou écrit que « les malades y mourraient d’ennui », la spécificité médicale ne suffit pas à établir une renommée.

Pour s’imposer, il fallait que la Ville d’hiver soit originale avec une mise en scène et un merveilleux décor de théâtre conçu pour surprendre le visiteur. Les promoteurs de la ville d’hiver d’Arcachon ont réussi leur pari de créer une ville de santé chic, le conseil municipal en 1857 en rappelle l’objectif « améliorer la santé des riches nationaux qui devaient chercher un soulagement à l’étranger ». 

À partir des préceptes de la médecine climatique, un sanatorium ouvert se construit, où les malades pourront séjourner avec leur famille et leurs domestiques. Le plan parcellaire est établi en 1865 sous la direction de l’ingénieur en chef Paul Regnault, la topographie sur un tracé curviligne s’organise avec des allées qui serpentent pour former un labyrinthe. Pour maximiser l’emprise au sol, les chalets sont bâtis en hauteur, leur architecture rappelle la Suisse, un pays évocateur de santé, les dunes font figure de montagne. L’urbanisme est pittoresque avec une débauche d’éléments empruntés à différents styles.

Les chalets qui prennent vite le nom de villas sont d’apparence différente mais ils sont construits pratiquement sur le même plan, à partir d’éléments préfabriqués. Les installations techniques répondent aux besoins d’une cité médicale entre l’hygiène et le confort.

L’association entre médecine et tourisme est réussie. Une station à la mode doit aussi comprendre un casino, un grand hôtel, des parcs, des promenades, un service ferroviaire et bénéficier d’une bonne publicité dans les magazines. Les promoteurs ne manquent pas d’idée pour étonner le visiteur : observatoire, funiculaire, palais chinois complètent le décor. En 1866, la ville compte 756 habitants, ils sont 7000 en 1886.

L’entreprise médico immobilière attirent aussi des artisans, des domestiques et des commerces. « La ville d’hiver pourra rapporter un immense revenu avec le temps » écrivit Antoine Gautier en 1865. La Ville d’Hiver est entrée dans le patrimoine, elle a été partiellement protégée en 1943, puis en totalité en 1985 au titre des sites inscrits à l’inventaire des monuments historiques.

Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

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