Éphéméride // C’était en 1857…« Sangsues à louer et à vendre »
Le guide touristique Joanne signale l’existence d’écriteaux sur le devant de maisons avec la mention « sangsues à vendre, 20 centime, à louer 5 centimes ».
Les sangsues sont présentes sur les stands de l’exposition de pêche et d’aquaculture d’Arcachon dans la section « Produits servant à la médecine » aux côtés de l’huile de foie de morue et des yeux d’écrevisse. Le géographe Élisée Reclus évoque un éleveur d’Audenge, qui, chaque année, nourrit ses 800 000 annélides.
L’hirudiniculture, soit la culture des sangsues, est une tradition ancienne sur le pourtour du Bassin d’Arcachon. Chaque maison possède un bocal à sangsues, rempli au trois quarts d’une eau verdâtre. En effet, leur usage médicinal est largement répandu. François Broussais, chirurgien de l’armée napoléonienne, a eu une influence décisive sur la pratique de la saignée dans les inflammations et la France devint au XIXe siècle la plus grande consommatrice de sangsues.
Ces pêcheries s’installent sur des terrains incultes, favorisant ainsi l’exploitation générale des eaux marécageuses. La présence du fond tourbeux permet aux sangsues de s’enfouir lorsqu’il fait trop chaud ou trop froid. Elles sont cultivées dans des réservoirs pendant environ deux ans. Hermaphrodites et à l’état naturel, elles se nourrissent d’amphibiens et larves d’insectes.
En élevage, elles sont alimentées par des chevaux, vaches, ânes, blessés, jetés en pitance dans les marais, l’animal succombe après avoir été servi deux fois en pâture. Ces bêtes voraces avalent jusqu’à dix fois leur poids. Le métier est dangereux, il est absolument déconseillé de tomber à l’eau. Le pêcheur pratique à pied avec des bottes bien hermétiques, à l’aide d’un bâton, il active leur montée à la surface puis les attrape rapidement entre deux doigts, en évitant qu’elles s’agrippent à ses mains.
À Audenge, la société Ricarimpex entretient toujours un élevage de plus d’un million de spécimens dans une quinzaine de bassins rectangulaires. Aujourd’hui, les sangsues sont utilisées dans la cosmétologie, la chirurgie réparatrice et l’industrie pharmaceutique.
Article de Isabelle Antonutti – Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch